Retour au réel
- Louis Furiet

- 31 août
- 2 min de lecture

Il existe, au fond, trois sortes d’hommes. Trois sortes d’hommes, parce que trois manières de penser, trois attitudes philosophiques, trois états d’esprit.
Il y a d’abord ceux qui voudraient changer le réel – parce que ce dernier ne leur convient pas –, qui voudraient soumettre la réalité à leurs propres idées, c’est-à-dire aux constructions de leur raison ; il y a ceux qui ne cherchent pas à connaître le réel en lui-même – parce qu’il pensent qu’on ne peut le connaître –, mais simplement à découvrir les lois de la matière, afin de pouvoir s’en servir ; et il y a ceux qui considèrent qu’on peut connaître le réel, et qui, une fois ce réel connu, l’acceptent et s’y conforment.
Les premiers sont les idéalistes ou les utopistes ; les seconds sont les empiristes ; les derniers sont les réalistes.
Or, ces trois attitudes face au réel donnent trois visions du monde : le progressisme, le libéralisme, et l’esprit de droite – qui est ici à entendre dans un sens non seulement politique, mais aussi métaphysique et moral, et que l’on peut nommer également esprit conservateur.
Le progressisme – dont l’aboutissement logique est le marxisme, avec ses diverses variantes, – se ramène au fond à l’esprit de révolte, c’est-à-dire à la volonté, aussi absurde que néfaste, de transformer le réel ; le libéralisme n’est autre que le refus de reconnaître une réalité absolue qui s’impose à la liberté, et ainsi la négation de toute valeur qui transcende l’individu ; l’esprit de droite, enfin, s’identifie au réalisme philosophique, c’est-à-dire à la volonté de conformer aussi bien l’individu que la société à la réalité qui s’impose à nous, à la nature éternelle des choses.
Le marxisme est né en opposition à certaines conséquences du libéralisme, mais non aux principes premiers de celui-ci. Le libéralisme, lui, est né avec l’époque moderne : il peut être considéré comme le corollaire du protestantisme sur le plan politique. Libéralisme et marxisme sont deux produits de l’esprit moderne.
Quant à l’esprit conservateur – qui consiste à croire que les choses ont une nature et à vouloir les conserver comme telles –, s’il est certes apparu explicitement après l’avènement de la Modernité – pour s’opposer à elle –, il n’est autre que l’esprit des Anciens. Le réalisme est aussi vieux que la philosophie occidentale : c’est la philosophie de Platon et d’Aristote. C’est aussi la philosophie des grands théologiens médiévaux, d’Augustin d’Hippone et de Thomas d’Aquin. Et c’est l’attitude avec laquelle Gustave Thibon nous invite à renouer.
L’attitude réaliste, soit la reconnaissance d’un ordre naturel des choses – qui, aujourd’hui, mène logiquement à une saine écologie autant qu’à la valorisation de notre identité collective –, doit être notre unique boussole si nous voulons marcher droit, si nous ne voulons pas errer. Optons donc pour le retour au réel !






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