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Retrouver le sens du sacré

  • Photo du rédacteur: Louis Furiet
    Louis Furiet
  • 30 sept.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 oct.

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Le sacré, disons-le d’emblée, est insuffisant d’un point de vue chrétien : la grâce – qui seule offre le salut – est d’un ordre supérieur, puisqu’elle n’est autre que Dieu lui-même, alors que le sacré se situe sur le plan naturel. Mais comme la grâce ne supprime pas la nature, selon le mot de saint Thomas, il en résulte que le sacré demeure, en droit, un élément essentiel de la vie du chrétien comme de celle du non-chrétien – et c’est précisément ici qu’il peut y avoir un terrain d’entente entre les deux.

Le sacré, selon Mircea Eliade, est la reconnaissance par l’homme du Divin, c’est-à-dire de l’Absolu, au travers de réalités visibles, sensibles, c’est-à-dire du relatif. C’est ce qu’Eliade appelle la hiérophanie. Comme le terme l’indique, il s’agit bien d’une manifestation, et non d’une simple « représentation » intellectuelle ou psychologique : c’est bien l’Absolu qui se donne à nous – mais comme dans un miroir. En langage théologique, on dira qu’il s’agit de la manifestation du Créateur dans ses créatures. Une manifestation qui permet à l’homme de voir en la créature une image, une icône de Dieu – et c’est tout le sens du culte des icônes chez les Orientaux.

Or, parmi les choses de ce monde, on peut affirmer que celles au travers desquelles la Transcendance se manifeste le plus sont précisément celles pour lesquelles l’homme est appelé à se transcender, à se donner et à se sacrifier ; et telles sont les diverses communautés naturelles : la famille, la nation, la civilisation. Œuvrer au réenchantement de nos sociétés postmodernes consiste avant tout à militer pour qu’elles prennent de nouveau conscience du caractère sacré de telles réalités. Des réalités qui, si elles ne sont pas idolâtrées, peuvent donner à ceux qui les contemplent une intuition naturelle de l’Absolu.

Mais s’il est vrai que nos sociétés gagneraient à retrouver le sens du sacré, il nous semble que les chrétiens auraient, eux aussi, intérêt à en redécouvrir la valeur, en tout cas les chrétiens occidentaux – car les Orientaux sont sans doute plus épargnés que nous sur ce plan. Les catholiques ont eu tendance, depuis les années soixante, à « purifier » la liturgie du sacré, avec pour but d’aboutir à une spiritualité soi-disant plus « authentique ». C’est oublier que le sacré fait partie du religieux – bien que le second ne se réduise pas au premier –, qu’il est une dimension fondamentale du rapport de l’homme à Dieu. Le soleil levant, l’usage d’une langue ancienne, le silence révèlent davantage la beauté, l’éternité et la présence de Dieu que des lumières artificielles, la langue avec laquelle on fait son marché ou le bruit permanent. D’où la construction des églises ad orientem, l’usage traditionnel du latin au cours des offices liturgiques et le silence lors des moments les plus centraux de la Messe. Il ne s’agit pas d’éléments simplement esthétiques, mais essentiels, susceptibles, aujourd’hui comme hier, de toucher les hommes en quête d’Absolu.  

 
 
 

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