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Le choc des civilisations

  • Photo du rédacteur: Louis Furiet
    Louis Furiet
  • 1 déc.
  • 2 min de lecture
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Comme chacun sait, Francis Fukuyama a publié en 1992 un livre dans lequel il annonce l’universalisation de la démocratie libérale à l’occidentale et la quasi-disparition de la guerre : La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme.

Mais ce que l’on sait moins, c’est que Fukuyama reconnaît lui-même les limites de sa thèse dans les ultimes lignes de son ouvrage. Il en reconnaît d’abord la précarité objective : la discordance qui existe entre le monde tel que les Occidentaux voudraient qu’il soit et le monde tel qu’il est. Il en admet aussi la précarité subjective : l’insatisfaction et l’ennui dont serait cause une telle « fin de l’Histoire ». Il va jusqu’à se demander si l’humanité n’est pas, au fond, repartie pour un nouveau voyage.

Cette thèse d’un nouveau départ, c’est Samuel Huntington qui l’a défendue dans son célèbre article intitulé « The Clash of Civilizations », publié en 1993. Dans l’article, Huntington soutient l'idée que, depuis la fin de la Guerre froide, le monde n'est plus dans l'affrontement idéologique mais dans une ère nouvelle, celle du « choc des civilisations ». La thèse sera reprise et développée en 1996 dans un livre éponyme. Huntington soutient que l’Histoire n’est nullement arrivée à son terme, mais qu’elle évolue au contraire vers la multiplication des clivages, et qu'il faut, pour le comprendre, étudier la dimension culturelle des sociétés. Il développe ainsi son analyse autour du concept de civilisation, définie comme « le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d'identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces ».

Parmi les civilisations, nous dit Huntington, l'une, à savoir la civilisation occidentale – Feliks Koneczny aurait dit la « civilisation latine » –, est en déclin. Elle est en déclin en raison de l’universalisme auquel elle s’accroche. Un universalisme démocratique et libéral qui constitue, note l’auteur, « une vision affadie » de notre civilisation.

D’autres civilisations voient au contraire leur influence s’accroître – et Huntington de prédire que le phénomène va s’accentuer –, sur la base de valeurs particulières : ainsi, le monde arabe, la Turquie, la Chine ou encore la Russie post-soviétique.

Comment ne pas constater, trente ans après, la justesse de ces vues ? Aussi bien l’actualité géopolitique du monde que la situation interne du Vieux Continent, où nous voyons une culture qui lui est étrangère s’opposer de plus en plus ostensiblement à sa civilisation historique – du moins à ce qu’il en reste –, lui donnent raison.  Non, la fin de l’Histoire n’est décidément pas arrivée. C’est même plutôt le contraire qui se dessine : un retour du primat des identités culturelles sur les individus. Le XXIe siècle sera très certainement, qu’on le veuille ou non, le siècle du grand retour des civilisations. Reste à savoir si l’Europe sera de la partie.

 
 
 

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