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Résolument antimodernes

Photo du rédacteur: Louis FurietLouis Furiet

Dernière mise à jour : il y a 4 jours


Nous ne sommes ni des passéistes, ni des nostalgiques. Le passé est le passé : il ne peut ressusciter ; l’Antiquité comme le Moyen Âge sont à jamais endormis. Nous ne souhaitons pas davantage la restauration d’un régime historique donné – au choix, l’Ancien Régime ou l’Empire napoléonien, le régime de Vichy ou la France du général De Gaulle. Nous ne sommes pas non plus attachés à une cause désespérée – « quand on représente une cause perdue, disait Raspail, il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval et tenter la dernière sortie, faute de quoi l’on meurt de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée que personne n’assiège plus car la vie s’en est allée ailleurs ».

En revanche, nous sommes opiniâtrement, catégoriquement, résolument antimodernes : nous refusons de toute notre âme, non pas notre époque – ce serait chose à la fois vaine et absurde, – mais l’esprit qui caractérise cette époque. On nous rétorquera que c’est là un positionnement purement négatif. À quoi nous répondrons que c’est l’esprit moderne qui est essentiellement négatif. Qu’est-ce en effet que la Modernité ?  « Le monde moderne est une révolte contre Platon », répond le philosophe Nicolás Gómez Dávila. Contre Platon, c’est-à-dire contre la tradition, contre l’idée qu’il y a, au-delà des choses sensibles, des Essences éternelles, et donc anhistoriques – mais qui sont précisément ce qui donne un sens aux choses et aux faits. La Modernité est le refus de l’éternel – c’est-à-dire, au fond, de Dieu –, au profit d’un prétendu « Progrès » de l’Histoire. Le moderne considère qu’aujourd’hui est par soi meilleur qu’hier, et que demain sera nécessairement meilleur qu’aujourd’hui. Or, c’est là une croyance que le siècle dernier, par ses abominations, a définitivement démentie : qui peut affirmer que le XXe siècle a marqué un progrès dans l’Histoire de l’humanité ?

La renaissance que nous appelons de nos vœux n’est pas le retour du passé : c’est la renaissance de l’éternel parmi nous, ou plus exactement – puisque l’éternel ne s’éteint jamais – de la conscience de l’éternel, c’est-à-dire de la tradition. Comme le catholique Gómez Dávila, nous appelons au « retour des dieux », non pas des divinités fictives, telles que Zeus ou Odin – qui appartiennent à des civilisations révolues –, mais des valeurs éternelles qui font la grandeur et la noblesse de l’existence : la hiérarchie, l’ordre, la piété, l’esprit de service et de sacrifice. Des valeurs qui sont aussi éminemment « esthétiques », le bien et le beau étant intimement liés – « le beau est la splendeur du bien » affirmait Aristote. 

Multa renascentur, quae jam cecidere : beaucoup de choses renaîtront qui sont déjà tombées. L’Histoire a été marquée par de nombreuses périodes de décadence, mais ces périodes ont toujours eu une fin. La Modernité ne fera pas exception. Époque du nihilisme absolu, de la négation de toute valeur, elle finira par se nier elle-même. Préparons l’après.

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