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Espérer

  • Photo du rédacteur: Louis Furiet
    Louis Furiet
  • 1 juin
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 juin


Qu’une nation connaisse une période, plus ou moins prolongée, de crise, de tribulations ou de conflits est une chose ; qu’elle perde toute confiance en elle en est une autre. D’une crise, l’on peut sortir victorieux, et même affermi ; du renoncement, l’on ne se relève jamais.

« Tout désespoir en politique est une sottise » disait Charles Maurras. Rien n’est écrit à l’avance ; l’Histoire est toujours ouverte – elle est le lieu de la volonté humaine. Mais il faut dire que le désespoir est aussi une faute : car, s’il est vrai qu’il ne suffit pas d’espérer pour obtenir la victoire, il est également vrai qu’il est impossible d’obtenir la victoire si nous ne l’attendons pas. C’est l’espoir qui nous met en action, qui nous fait lutter. Or, pour changer le cours des évènements, nous n’avons pas à compter sur autre chose que l’agir de l’homme. La Providence veille, certes, mais elle ne le fait que là où l’homme veille lui-même : elle agit à travers l’homme. Le vent du Destin ne pousse le navire que si les marins sont à leur poste. C’est tout le sens du mot de sainte Jeanne d’Arc : « Les hommes batailleront, et Dieu donnera la victoire ».

Le chrétien, en temps de troubles, peut être tenté de s’en remettre uniquement à Dieu, d’espérer surnaturellement, sans chercher à trouver des raisons naturelles de croire. C’est une erreur. Il faut toujours se contraindre à espérer, y compris sur le plan naturel, politique. Il faut s’obliger à croire en sa nation, même si cette dernière présente tous les signes de l’agonie. Car le combat suppose la foi. C’est peut-être la grande vérité des nationalismes du siècle dernier : il vaut toujours la peine, tant que notre nation est en vie, d’avoir foi en elle.

Le nationalisme, disait Henri Massis, « c’est vouloir guérir la France des maux dont elle souffre ». C’est précisément lorsque notre nation est malade qu’il nous faut mettre tous nos espoirs en elle ; c’est précisément lorsqu’elle n’est plus apparemment aimable qu’il nous faut lui montrer notre amour. Si les intégralistes du siècle dernier espéraient de toutes leurs forces une restauration de la grandeur du Portugal, c’est bien parce que ce dernier avait, à leurs yeux, perdu sa grandeur passée.

En ce sens, tout ce qui peut susciter l’espoir et l’action en faveur du relèvement de la nation est à considérer comme bon. Le sébastianisme était un mythe, et pourtant, il a mobilisé les forces vives du Portugal opposées à la domination de l’Espagne. Les intégralistes appelaient de leurs vœux le retour du roi, et le roi n'est pas revenu, mais, comme le note Jacques Ploncard d’Assac, ils ont objectivement préparé la voie à Salazar, lequel a indéniablement contribué au redressement de son pays, malgré les divergences que les intégralistes ont pu avoir avec lui. Qu’importe donc, en un sens, que nous croyions au retour du roi, en un nouveau général De Gaulle ou en un Salazar français : l’essentiel est que le mythe qui nous anime nous donne foi en l’avenir et nous pousse à agir en faveur du réveil de notre nation.

 
 
 

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